Une vue imprenable sur les autres habitations
Une vue imprenable sur les petites maisons
Un jardin de pierres bâti
Pour assurer le repos et l’éternité
Les maisonnettes ne se ressemblent guère
Nous n’avons pas tous eu le même architecte
De formes et de matières différentes
Elles sont toutes dans leur horizontalité
Voisins sympas et pas bruyants
Pour une fois, on ne se fâchera pas
Le temps s’écoule doucement
Pas beaucoup de dérangement
Ici, le silence est exigé
Par toute la copropriété
On nous respecte et même on nous chérit
Nous avons parfois un peu de compagnie
Un petit vieux ou une petite vieille
Qui viennent pour parler un peu
Ils passent ici aussi, pour visiter
Leur prochaine résidence
En quelque sorte l’appartement-témoin
Il y a également de la mélancolie
Quand un plus jeune vient larmoyer
Ou de notre absence se désespérer
Un peu de pleurs et de vague à l’âme
De ne pas avoir su plus s’aimer
On finit toujours par être regretté
Mais jamais ne dure cet échange
Le temps ne permet que l’on s’épanche
Je sais qu’on vient déposer des fleurs
De celles que j’aime, des roses aux épines acérées
Dont le parfum ne vient jamais aiguillonner mes narines
Cela n’a guère d’importance
La décoration sert à ceux qui la préparent
Nous n’avons plus les mêmes priorités
Dans ce repaire reposant
Une fois de plus je n’ai pas choisi
Ni l’endroit, ni l’envie
J’avais laissé le soin à mes enfants de la payer
Mes quatre planches et ces quatre poignées