Hervé Gransart

Mon frère que nous arrive-t-il ici bas
Pourquoi en sommes-nous arrivés là ?
Privé de la moindre liberté
Totalement entravé et bâillonné

Que va-t-il m’arriver

J’attends des heures durant, les membres engourdis
Au pain sec et à l’eau, sans forces et affaiblie
Je suis transi de peur, il y a peu j’ai entrevu des corps
Je ne veux pas subir le même sort

Je pense à prier, mais y a-t-il seulement un dieu
Caché sur un nuage, quelque part qui m’entendra
Celui de mes ravisseurs pourrait-il cautionner
Celui qu’ils invoquent, partage-t-il leur folie
Au nom de celui-ci ou d’un autre, seul compte la vie

Que va-t-il m’arriver

Quels jours sommes-nous, quelle heure sonne-t-il
Cela a-t-il vraiment beaucoup d’importance ?
Je me rattache au futile
Je passe par toute sorte d’états, jusqu’à la démence
Combien de temps vais-je encore tenir

Quand l’angoisse m’étreint, je redoute le pire.
Je pense à toute ma famille, ceux que j’ai laissés
La vie que j’ai menée, ce que j’ai réussi ou raté
Je me raconte des histoires pour ne pas sombrer
Pour évacuer et continuer à exister

Que va-t-il m’arriver

Pourquoi cette haine des hommes sans espérances
Une souffrance qui s’est transformée en vengeance
Je suis un des ennemis à abattre, le chien à tuer
Alors que nous appartenons tous au patrimoine de l’humanité

J’ai peur, terriblement peu, je panique
Bandeau sur les yeux, chaîne aux pieds
Leur cause m’échappe, je suis étranger
Ne suis-je pas le prétexte classique
Pour servir quelques absurdités

Cela fait une éternité que je croupis ici
Que va-t-il m’arriver loin de mon pays
Un bruit de pas, la porte qui s’ouvre
Un bruit de cliquetis et de paroles entremêlées
Des voix et des paroles proférées

Et puis plus rien