Tu regardes vaquer toutes ces familles souriantes
Tu regardes rire ces deux fillettes insouciantes
Dans ton regard, il n’est question de jalousie
Dans ton regard, il y a juste un peu d’envie
Déraciné, car plus rien ne pouvait te retenir
Dans ton pays, il n’y avait aucun avenir
Dans ta ville, tu n’aurais trouvé que la mort
Alors tu es parti, pour contredire le sort
Tu n’as pas hésité longtemps à fuir
Il y avait de l’autre côté de la montagne
Une petite lumière de vie, pour en sortir
La possibilité d’un songe, autre que le bagne
Sans papiers ou sans réel domicile
La plupart du temps les deux
De petits boulots, en travail au noir
La plupart du temps sans espoir
En amassant de-ci de là, tu as fini par récolter
Suffisamment pour payer les chiens de passeurs
Une vie entière laissée aux mains des menteurs
Toi, tu as eu de la chance, tu as réussi à passer
Seulement voilà, de l’autre côté de tes contrées
La vie reste loin de ce que tu avais imaginé
Personne ne t’attendait, tu t’en doutais
Ici pas plus qu’ailleurs on ne te voulait
Tes problèmes ? personne n’est concerné vraiment
Au mieux, on détourne le regard pudiquement
Ta présence embarrasse, tu portes ta vie comme une croix
Elle est toujours un calvaire, mais ici c’est ton choix
Sans papiers ou sans réel domicile
La plupart du temps les deux
De petits boulots, en travail au noir
La plupart du temps sans espoir
Tu évites les uniformes, le soir tu rases les cités
Tu ne demandes pourtant qu’un peu d’humanité
La jungle d’ici n’est qu’un zoo, où tu es caché
À côté de l’enfer duquel tu as pu t’extirpé.
La peur est ta sœur, l’angoisse ta compagne
Rien n’est rose, pour toi pas de champagne
Jamais tu ne rentreras, jamais tu ne retourneras
S’ils te prennent, d’une façon ou d’une autre tu reviendras
Si tu as fui une vie qui n’était que cris
Pour autant ton avenir est loin d’être écrit
Pour le moment, tu erres sans but précis
Juste celui de courir plus vite, encore indécis
Sans papiers ou sans réel domicile
La plupart du temps les deux
De petits boulots, en travail au noir
La plupart du temps sans espoir
Sans papiers ou sans réel domicile
La plupart du temps les deux
De petits boulots, en travail au noir
La plupart du temps sans espoir
Sans papiers ou sans réel domicile
La plupart du temps les deux
Nous vivons sans franchement se soucier de toi
Personne ne se sens impliqué, pas même moi