Bienvenue petite demoiselle.
Le monde t’appartient tout entier.
J’aurais dû m’arrêter là. Cependant, tu ne me connais pas encore, le conteur que je suis, ne peut s’empêcher d’exprimer par l’écrit ce qu’il ressent.
Nous allons bien rire.
Au monde, tu viens à peine d’ouvrir les yeux et tu es déjà une princesse.
Tu étais attendue, voulue, espérée. Tout l’amour de ce monde est déjà à tes petits pieds.
Ton papa est taillé pour cela depuis des décennies et ta maman n’a jamais était autant épanouie depuis qu’elle se savait maman. C’est son père qui te le dit.
Alors petite fille profite, il sera bien temps après.
Tu vas avoir tellement de choses à vivre, à découvrir. Tes parents, la grosse boule de poil qui ne comprend pas comment cette maison a bien pu s’emplir de tes cris alors qu’il était le roi des lieux avant ton arrivée.
Tu vas grandir et toujours continuer de rire ou pleurer. Ne renonce jamais en rien. Apprends, écoute, enregistre, interroge-toi, sois curieuse, décide, argumente, accomplie, défends tes idées, mais ne renonce en rien sur ce que deviendront tes convictions. Ne tergiverse pas.
Tes parents te transmettront tout ce qu’ils ont appris, ce qu’ils ont gardé et ce qu’ils ont eux-mêmes acquis au fil de leur vie.
Ensuite, il te faudra t’en affranchir pour voler de tes propres ailes et exister comme tu le désires. Le monde est vaste, inexploré, il sera ce que tu voudras en faire.
C’es ainsi, en faisant tout cela, que, même gentiment, tu feras enrager tes parents, tu les inquiéteras aussi surement un peu ou beaucoup en fonction de ce que deviendras ou de tes choix.
Ils te guideront du mieux qu’ils pourront, avec abnégation et amour, n’en doute pas. Ils ne penseront qu’à ton bien, à ton intérêt, ils sont bienveillants.
Oubliant parfois, qu’avant toi, ils étaient à ta place. Nous, avec ta maman, nous avons été comme cela, la laissant libre de ces choix, mais tentant d’orienter un peu sa façon de voir. Tous les parents font cela, demande-le-lui, elle t’en parlera mieux que moi !
Nous, nous avons le beau rôle, sans charge éducative première. Nous en sommes exemptés, alors tu verras nous allons bien rigoler.
Toutefois, ne laisse personne te brider, encore moins te brimer. Sois et deviens une femme. Une femme de tête, libre et sans concession.
Nous allons apprendre à nous connaître, j’espère à nous aimer et être complice, le temps de ton enfance. Ensuite tes aspirations de jeune fille, puis de femme distendront les liens qui nous auront unis. La connivence se sera légèrement diluée, c’est dans l’ordre des choses que de ne plus raconter tout au vieux que je serais inéluctablement devenu, un peu loin de tes réalités. Déjà ton arrivée m’envoie vers d’autres horizons. Ces horizons nettement moins profonds où la perspective se restreint petit à petit.
Il n’est cependant pas temps d’évoquer ce mouvement amorcé. Ce ne peut-être ton problème. Je me laisse aller à cette mélancolie qui m’est nécessaire, mais dont tu dois être soustraite, car seul compte ton présent et ton futur propre que nous regarderons avec les yeux d’un amour extasié.
Réjouissons-nous simplement d’un bonheur facile et doux. Soyons heureux de ton arrivée, de ce que tu vas nous apporter, de ce que tu vas transformer dans nos vies. Laissons-nous aller, pour une fois, à cette joie, à cette émotion indescriptible et indicible de ta venue, que je tente pourtant de te décrire.
Nous allons guetter tes premiers étonnements, tes premiers babillements, tes premières sottises, tes premiers faits d’armes, tes premières découvertes. Nous observerons et conserverons en mémoire tous tes premiers tout.
Tu auras ce pouvoir de nous réunir tous, tu vois, le monde est à tes pieds, tes petits pieds, déjà. Notre indulgence à ton égard n’aura d’égale que notre complaisance face à tes bêtises.
Profitons-en, au début tu pourras tout te permettre, un peu moins en grandissant, nettement plus en vieillissant. Tu ne seras peut-être plus l’unique non plus, chacun occupera sa place.
En attendant, nous allons bien nous marrer.
Quand tes yeux écarquillés et interrogatifs se poseront sur cet homme qui t’écrit aujourd’hui et que nos deux regards se rencontreront, tu seras, surement, étonnée, peut-être te mettras-tu à pleurer. Ne t’inquiète pas, j’ai l’habitude, c’est l’effet que je fais à tous les bébés.
Quand viendra l’âge de marcher et de répéter sans filtre ce que tu as vu ou entendu sans forcément comprendre ce qu’il en retourne, tous les deux, ensemble, nous rirons de bon cœur et tu t’apercevras alors que ce même homme est ton meilleur public. A peine plus âgé mentalement, le complice de ta jeune existence.
Nous pourrons nous moquer et faire plein de sottises. On se fera gronder par les adultes, mais ne t’en soucie pas, je serais là pour te dédouaner et prendre la responsabilité de mon inconséquence. Toi tu ne seras pas assez adulte pour être responsable et te faire disputer. En plus avec moi, ils n’oseront pas trop s’énerver. Mais chut, il ne faut pas trop le dévoiler.
Tu vas voir on va bien exagérer
Tu vas grandir et t’éloigner, c’est la nature de la vie, il ne faudra pas t’en préoccuper. N’écoute pas les angéliques qui te vanteront un monde de fleurs et d’oiseaux enchanteurs. N’entends pas plus les Cassandres te promettre l’enfer et la damnation. Le monde tourne, certes, mais il peut être ce que tu décideras. La vie que tu te feras. Une vie aux valeurs transmises par tes parents en héritage et apprises de leur propre expérience.
Une fois inculqués ces principes petite fille, file à ton train, toujours dans le respect.
Prends des risques tu te tromperas, mais tu auras raison. N’écoute personne, pas plus celui qui t’écrit ses lignes. Tu dois n’en faire qu’à ta tête. Et le jour où je te demanderai d’être raisonnable, n’hésite pas à m’exhiber ce texte sous le nez. Je t’expliquerai surement que c’est différent, que ça n’a rien à voir., que ce n’est en rien comparable, n’en crois pas un mot.
Je n’aurai plus qu’à me renfrogner et pester contre ton caractère trempé. À ce moment-là, tu sauras que tu as gagné. Que ton indépendance obtenue au prix de beaucoup de batailles te sera acquise. Jamais plus personne ne pourra t’enlever cela.
Et si ça ne devait jamais arriver ? Mon intuition m’assure que je n’ai pas à en douter un seul instant.
Tu as le monde à tes pieds. À toi de savoir l’amadouer.
Je t’y aiderai ! je n’ai à te convaincre que du bien-fondé des passions qui m’animent et des causes que je porte. Te convaincre de leurs importances. Après nous serons libres de faire les andouilles.
Tu vois le monde est à tes petits pieds et nous allons bien nous amuser.