Assis-là, contre le mur, il pleure.


Ce mur ne le protège pas, tout juste une béquille de réconfort contre lequel il se
réfugie.

Doucement, quasi imperceptiblement, il pleure. Vous ne le remarqueriez qu’aux
tressautements de ses épaules qui se secouent dans un mouvement saccadé.

Recroquevillé, ses bras enserrent ses jambes, il pleure.

Il pleure sur sa vie d’enfant partie en lambeaux. Sans tout à fait comprendre
réellement ce qu’il lui arrive.

Ramassé sur son corps meurtri, endolori ; il sanglote doucement sur l’indicible.
Tassé, appuyé contre le mur, il pleure sur ce qui ne sera plus. Sur celui qu’il était, sur
ce qu’il deviendra peut-être, sans trop savoir à ce moment précis.

Roulé en boule sur lui-même, il gémit. Il n’a pas de mots. Il n’a pas les mots pour
décrire quand et comment sa vie a basculé.

Il n’a que les maux pour dépeindre son chagrin, sa peine et sa douleur. Il est
désemparé, interdit devant l’immensité de sa situation.

Il sanglote aussi parce qu’il a honte, il se sent coupable. Il ne sait pas vraiment de quoi
ni pourquoi. Mais ce sentiment de culpabilité l’étreint presque plus que toute autre
impression.

Il est pourtant persuadé n’avoir rien fait de mal – lui.

Il a mal dans sa tête et dans son corps. Il a mal partout et ses sanglots ne le soignent
pas. Il a peur aussi. Une peur diffuse, qui ne s’accroche à rien de tangible, mais qui
l’empoisonne.

Prostré, comment va-t-il faire ? Il n’arrive pas à être en colère — pas encore —, que
va-t-il faire ? Continuer de vivre, continuer de faire comme si de rien n’était, comme
si tout était normal ?

Il soupire encore – un peu – parce qu’il est perdu, sans ressources, sans solution, sans
idées. Peut-il en parler ? À qui ?

Il n’osera pas. Est-ce mal ?

C’est vraiment mal ?

Assis-là, prostré, il pleure l’enfant qu’il ne sera plus désormais. Il pleure l’adulte qu’il
n’est pas.

Cet adulte, qui lui a juré combien il l’aime, qu’il l’aimerait toujours, qu’il serait
toujours gentil avec lui. Combien ils seront heureux, seulement tous les deux !

Surtout, surtout, si ce si beau secret n’est pas dévoilé – jamais.

Cela doit rester entre eux deux, seulement entre eux deux, pour qu’ils soient heureux.
N’en parler à personne et promis, demain, il reviendra.

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